En fait y'a une sorte de némésis un peu inutile (ou franchement, tiens...) à vouloir "s'emparer" des classiques pour en faire "autre chose".
Au fond c'est toujours l'idée du sacré, on a encore les deux pieds profond collés dans ce plat-là, qu'il s'agirait de "mettre à bas", ou plus gentiment d'"actualiser" ou je ne sais quoi (et pourquoi diable foutre?).
Mais c'est très bête ça, à deux titres:
D'abord c'est peut-être par là même contribuer à renforcer le statut de référence qu'ont certains objets-jalons, alors que justement le sens du "geste" serait d'en finir avec...
Ensuite, c'est dommage pour le potentiel-même du média qu'on utilise pour ce faire. Je veux dire si l'on veut exprimer si haut le potentiel de modernité, de renouvellement, d'invention formelle voire expressive qu'on prête à telle ou telle technique, moyen d'expression, forme communicante, etc... pourquoi diable aller s'enferrer dans une forme ancienne, conçue selon des critères, une dynamique (déjà elle-même révolutionnaire à l'époque) et des contraintes éteints?
Quel sens peut bien avoir de "faire du Bach" avec des moyens différents que ceux qui avaient présidé à l'élaboration première?
Bach sans les moyens de Bach ça ne tient pas debout. Et notre petit père Bach aujourd'hui, le même qu'alors avec la même niaque, ne ferait certainement pas le "Bach" qu'il fit en d'autres temps: c'était un absolutiste révolutionnaire, ce type. Un dingue!
C'est comme mes élèves en peinture qui s'obstinent à "faire du Monet, du Renoir, du Pissaro" en 2021, en évitant soigneusement, même en peignant d'après photos (de paysages), d'y mettre les voitures, les routes, et les fils électriques.
C'est absurde; Ca n'a aucun sens, sinon celui de se complaire dans une illusion de maîtrise à propos de qqch que l'on n'a visiblement pas compris: Il y a des fils électriques chez les impressionnistes; des bâtiments modernes à structures métalliques révolutionnaires; des véhicules high tech (des locos et bateaux à vapeur): on le leur a bien assez reproché à l'époque. Et s'ils étaient là aujourd'hui, évidemment, ils nous étonneraient, voire nous scandaliseraient (enfin toutes ces mamies qui se piquent de grandeur Hârtistique en tout cas...
)
Bref, faire du Bach au séquenceur quand on a un système modulaire, à part la performance un peu bé-bête (qui de toute façon tombe à plat... en terme de performance justement), c'est dommage pour Bach (mais c'est bien là le moindre mal en fait: Vue l'altitude du bonhomme, la bave du crapaud etc...), c'est dommage pour la musique (parce que le résultat est naze), et c'est dommage pour le programmeur qui aurait sûrement bien mieux à faire de son fourbi!
Si le SENS de certaines oeuvres anciennes continue aujourd'hui à briller bien vif au sein d'une forme transfigurée par (disons) "l'inspiration", la forme elle-même, reprise comme telle, est une coquille vide, déconnectée de tout un réseau de causes et d'effets transitoires qui ont aussi contribué à la façonner.
"Enfonce ton clou, pas celui des autres" disait le bon Van Gogh.
Il eût pu ajouter "car TU es le seul à pouvoir enfoncer ce clou-là".
Cette petite maxime résout d'un coup, et l'air de rien, l'ensemble des "problèmes" liés au "sujet", au "contenu", à la "forme", au "style", enfin à la justesse poétique.