En effet!
Tu pars très loin, je ne suis pas sûr de bien te suivre ;)
C'est une période qui m'intéresse particulièrement et je m'efforce, en accord avec les préceptes du moment, d'adopter la posture qui passait alors pour exprimer la plus complète incarnation des bienfaits de "la culture" (à laquelle par ailleurs, dans le domaine des arts, je voue une haine absolue): celle de "l'honnête homme". C'était un temps où il était encore possible aux oisifs (par naissance le plus souvent) de rassembler en leur esprit la totalité du savoir du moment, au prix d'un certain travail évidemment, et, par le fait, d'élaborer une vision totale et corrélée des savoirs, c'est-à-dire une vision du monde.
Il est bien évident que c'est aujourd'hui impossible, raison pour laquelle même à propos de science les gens se réfugient dans divers systèmes de croyances où règnent en maîtres l'ignorance encyclopédique (forcément), la présomption, le désespoir et l'espérance, qui produisent un réseau de fictions plus ou moins dangereuses où tout le monde (et leur destin commun) est irrémédiablement englué...
Tout ce que nous pouvons avoir aujourd'hui ce n'est pas une vision du monde, mais un résumé médiatique.
Bien que cela explique pas mal de choses, ça continue de me terrifier, en particulier, maintenant que me voici double-grand-père, à propos du sort de mes petits-enfants.
Bref pour revenir à nos boutons, il me semble important de replacer Bach dans l'histoire culturelle de son époque, qui était celle-ci précisément, pour bien comprendre sa posture et son effort.
Je n'invente pas ce rapport aux mathématiques de la composition musicale (mathématiques comprises comme expression métaphysique de la perfection de l'univers), qui avaient le vent en poupe chez les "honnêtes-hommes" à l'époque: Il en parlait lui-même.