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Le Maître du futur
KRAFTWERK « Computer World »
(EMI Pathé 2 C 070 64370)
Par Hervé Picart
Les robotiques danseurs de Düsseldorf vienne de réussir, avec ce nouvel album mûri pendant leurs trois années de silence, un retour absolument éblouissant qui leur redonne d’un coup tout le prestige et toute notre affection. L’ on pouvait nourrir queqlues craintes sur ce come-back s’éffectuant alors que plusieurs groupes anglais fort avisés sont venus occuper, avec opportunité et réussite, le terrain que Kraftwerk tenait avant de s’enfermer dans son ermitage cybernétique.
« Computer wolrd » apparait et semble, d’un coup, renvoyer à la préhistoire ou à l’école maternelle les Orchestral Maneuvre, human League ou Gary Numan que nous adorions, pourtant, de bonne foi. Mais Kraftwerk est le maitre et cela se sent immédiatement dans la fabuleuse présence de ce son des mille et une nuits de la Ruhr, dans cette suavité des mélodies et des voix, dans cette utilisation toujours intélligente et profonde de l’ électronique. La leçon doit être térrible pour les petits anglais.
Par rapport à « Man-Machine » dernier chef-d’œuvre en date de Kraftwerk, on peut dire que l’évolution est sensible et plus qu’apprèciable.
D’abord, le rock synthétique de Kraftwerk s’est fait plus coupant, plus direct, répondant ainsi à la demande accrue d’énergie du public.
A ce point de vue, la richesse et l’impact des rythmiques sont sans équivalent dans la musique éléctronique actuelle ; cet album est un régal de pulsations, de frappes, de coups, d’enchevetrements rythmiques pourtant toujours basique.
L’on reconnaît à cette supériorité l’avance prise par Kraftwerk qui fut l’initiateur du retour aux tempos fondamentaux. D’autre part, si la musique demeure, de par son concept, entièrement fondés sur le computer ( tous les titres y font une référence directe), très robotique, elle est beaucoup moins mécanique d’allure : les séquences sont plus souples, plus syncopées aussi, et l’ensemble a beaucoup à voir avec le funky.
Kraftwerk propose en fait, ici un manifeste de funk futuriste, qui vous invite à danser sur de nouvelles substances sonores. On retrouve ce même mouvement vers le futur qui animait les derniers albums de Bowie, et une même réussite dans cete reformulation qui conserve au funk son pouvoir sur le corps tout en sortant de sa routine.
Le titre « Computer World » est à cet égard, un sommet, d’entrée. Et puis en supplément, il y a bien sûr toute une série de jeu musico-technologiques qui nous sont offerts, avec la romance gadgetisés et miniaturisée de « Mini-calculateur » ( chanté en français ), et avec aussi le très Frippien exercice de « Numbers » qui met en boucle des chiffres, en diverses langues, pour faire s’égrener une troublante litanie arithm étique. L’invention est une fois encore au rendez-vous, Kraftwerk reste donc bien le groupe majeur de ce courant et « Computer World » est plus qu’un disque indispensable : c’ est un événement.
H.Picart.