skawiwen a écrit :...bref une récupération d'une authentique culture mise à la sauce occidentale...

...Tiens, ça me rappelle une soirée dans un club associatif local, où deux invités africains, excellents musicos ayant d'ailleurs participé autrefois à des concerts de Peter Gabriel lors de sa période "world music", étaient les vedettes de la soirée, toutes proportions gardées et en toute humilité de leur part.

...Quand ils ont joué ensemble en duo (guitare/chant + percus), ça a été grandiose, et leur excellente maîtrise rythmique des mesures impaires alternées a été un vrai régal pour l'audience d'habitués, volontiers ouverts aux musiques "alternatives" quelles qu'elles soient. Même quand un batteur jazzeux est venu les rejoindre pour continuer le spectacle, il a su s'adapter et sa très bonne technique personnelle comme son feeling n'ont pas altéré le très bon niveau de qualité de la prestation.

...C'est quand deux autres zicos locaux, un gratteux et un bassiste loin d'être pourtant mauvais l'un comme l'autre dans leur genre, ont rejoint le trio que cela s'est gâté...
Imprégnés depuis l'enfance dans les systèmes binaires/quaternaires du rock-pop occidental, ils n'ont rien compris aux subtils renversements des rythmes, aux syncopes, inversions, etc... En fin de compte, voyant comment ces derniers se perdaient systématiquement dès que ça ne tournait plus parfaitement carré, c'est ceux qui avaient la meilleure maîtrise technique qui se sont très gentiment mis à la portée des plus faibles, pour ne pas les "larguer" avec leurs spectaculaires pirouettes rythmiques. Ça s'est finalement terminé dans une sorte d'impro tristement répétitive vaguement typée zouk/mérengué, cubiquement binaire, aseptisée et prévisible, voire somnolente à force, indigne des spectaculaires et sautillantes prouesses rythmiques du début de soirée...

Voilà pour moi ce que ça évoque, quand on part de l'expression artistique
authentique et qu'on l'
occidentalise pour la formater... Une sorte de nivellement par le bas, et surtout une perte de la "substantifique moelle" qui donne pourtant tout son sens et sa richesse à l'expression artistique d'origine.
Pourrait-on imaginer traduire un gamelan exclusivement en mesures 4/4, sans en tuer l'essentiel de ce qui en fait justement sa propre identité culturelle ?
