Bon, en anglais c'est beaucoup plus clair: Il est dit dans les manuels de synthés que la polyphonie réelle permet une" ARTICULATION" indépendante de chaque note.
En gros, un vrai synthé polyphonique 6 voix recèle dans ses entrailles 6 chaînes complètes VCO-VCF-VCA et un dispositif généralement numérique (un processeur Z80 sur la plupart de nos vieux coucous) qui dirige le nouveau couple PITCH/TRIG sur la voix suivante à chaque nouvel appui sur une touche
tant que la ou les précédentes n'ont pas été relâchées.
Ainsi, il est possible, sur un ADSR = 0, 0, 10, 5 par exemple, d'entendre la note 4 et elle seule s'éteindre doucement si elle est relâchée tandis que les 1, 2, 3,5 et 6 sont toujours maintenues.
Capito? Comme sur un piano acoustique.
C'est Roland qui a inventé (ou détourné) le terme "Paraphonique" pour sa série RS. On désigne ainsi des machines qui ont plusieurs sources sonores réelles (4 VCOs sur le Korg MP4 par exemple) ou simulées (Solina par exemple, avec des diviseurs), mais qui ne passent toutes ensemble que par 1 seul filtre et 1 seul EG/VCA.
Ainsi, à chaque nouvel appui, même si les autres touches sont maintenues, on entend l'enveloppe de toutes les touches redémarrer à 0: Evidemment, il y a 1 seul VCA! C'est encore plus flagrant lorsque la pente de l'EG module le filtre unique. Et même avec un Release Time à 10, une touche lâchée alors que d'autres sont maintenues enfoncées mute le son de la voie correspondante abruptement comme si le release était à 0.
Rien de gênant sur des pads où toutes les notes sont activées et relâchées en même temps. Par contre, dans un jeu type piano avec des sons percussifs, c'est la purée totale! Mais ça produit, expressivement parlant, des choses dont on peut tirer parti et qui seraient extrêmement difficiles à articuler volontairement sur un vrai clavier polyphonique!
Ce qui nous met la confusion entre ces deux procédés, c'est que sur les polyphoniques "standard", on a un seul potar de cutoff par exemple, qui agit simultanément sur les 6 filtres. On a donc l'impression, quand on vient des monos ou du modulaire, de n'agir que sur un seul filtre. En fait les 6 sont couplés, de même que les 6 VCAs asservis à un EG unique, etc...
Mais dans un polyphonique historique comme le 4voices Oberheim, on a toute l'architecture sous les yeux, physiquement parlant: 4 voix=4 potars A, 4 potars D, 4 potars S, 4 potars R, 4 potars Cutoff, 4 résos, etc...
L'intérêt est évidemment que l'on peut assigner à chaque chaîne VCO-VCF-VCA un son entièrement différent et ainsi articuler des choses beaucoup plus complexes. L'inconvénient est qu'il faut régler de la même manière,
à la main , les 4 filtres et les 4 EGs quand on veut juste faire un pad de cordes traditionnel par exemple.
Aujourd'hui cette philosophie "très détaillée" nous semble compliquée, mais c'est la plus logique. Les machines à microprocesseur pour la gestion des voix ne sont que le résultat de la paresse des musiciens qui en avaient ras la casquette de se taper le réglage des 8 voix sur un EVS par exemple. C'est vrai que pour la scène, à moins d'une maestria exceptionnelle...
Citons le Korg Poly800 qui propose une solution hybride et très intéressante d'un point de vue ergonomique: Il n'y a qu'un seul filtre mais 8 vrais VCAs. Ainsi, quand le filtre n'est pas modulé par l'EG (ou très peu), on a un vrai polyphonique 8 voix avec
articulation indépendante de chaque note. C'est pas si mal, réellement!
Les KORG PS et dérivés, aussi (Lambda par exemple), dont les 48, 96 ou 144 VCOs sont simulés par un système de diviseurs particuliers, mais dont le reste de la chaîne comporte réellement, physiquement, autant de VCFs et VCAs.
Les Sequential de la série "-tracks", autre exemple, qui, dans certaines circonstances (en sacrifiant tout ou partie de la polyphonie) permettent un accès indépendant aux 6 VCOs, VCFs, VCAs, EGs et LFOs embarqués, numériquement couplés en usage ordinaire.
Capito?