...Eh oui, mes camarades ! C'est les joies de l'USB, le fabuleux "protocole universel" qui permet de tout faire ou presque avec un ordi, à commencer par se prendre la tête avec des problèmes de compatibilité quand il n'y a plus que ça pour interconnecter des appareils ensemble...
Ce qui a été l'un des points forts du MIDI dès l'origine au début des années 80, c'est l'emploi exclusif d'une
liaison optique (par optocoupleur) en réception de données.
Les concepteurs de ce système ont utilisé un bon vieux protocole de communication série qui date des premiers "mainframes", bien avant les premiers PC personnels, mais, confrontés aux ingénieurs audio, ils ont retenu l'
isolation galvanique comme étant la solution ultime pour éviter de créer des boucles de masse et autres problèmes de potentiels électriques entre les machines. Presque 40 ans après, on en est d'ailleurs toujours aussi satisfaits parce que ça fonctionne bien, mis à part les bidouillages de codes propres à chaque constructeur (RPN/NRPN et autres SySex plus ou moins tordus).
...Là où ça commence à merder sérieux, c'est quand arrive l'USB. C'est également du protocole de communication série (comme le RS232 des PC ou le RS422 des vieux Macs), alors on pense tout naturellement à faire passer ce bon vieux MIDI via l'USB. Rien de techniquement insurmontable, le MIDI transite à peu près à 32kbits, ce qui est vraiment lent comparé aux 1.5Mbits théoriques de l'USB1.1 en mode "low speed" (claviers, souris, etc), sans même parler des versions suivantes (USB2, 3 et 3.1) utilisables pour le stockage de données en externe.
Revers de la médaille, le taux de transfert relativement élevé de l'USB impose des cordons de liaison blindés, pour protéger des parasites radio générateurs de bugs. Et c'est bien là que commence les premières emmerdes en grand format pour les liaisons audio via USB, car ce blindage indispensable vient créer des boucles de masse entre les appareils connectés entre eux
à la fois en USB et en audio.
En revanche, les collerettes des nos bonnes vieilles DIN 5 broches de nos cordons MIDI étaient en général reliées à
rien du tout, et l'unique connexion se faisait via les broches 4 et 5 de la DIN, exclusivement pour alimenter la Led de l'optocoupleur en réception. Aucune liaison électrique de fait avec le reste de la machine, donc aucun risque de boucle de masse non plus !
...Pas étonnant que le problème ne se pose plus quand on passe par du "vrai" MIDI avec une interface opto-isolée !
Petite expérience : je prends mon ohmètre/testeur de continuité, je branche un cordon USB dans mon ordi, l'autre extrémité dans mon synthé, je fais la même chose pour ma carte-son en USB, et maintenant... Surprise !!! Si je colle une pointe de mon ohmètre sur le châssis métallique de ma tour d'ordi (ou par exemple, le socle jack 3.5 de la prise casque sur un portable), et l'autre pointe de l'ohmètre sur le socle du jack de sortie audio du synthé, qu'est-ce que je trouve ? Eh oui, ça bipe : il y a conduction entre les deux, donc ils sont électriquement reliés !
...Ah bon, et si je fais pareil entre le socle de l'entrée audio de la carte-son USB et celui la sortie audio du synthé ? Biiiiiiip ! Ça conduit aussi...
Mézalors, allez-vous me dire, si je branche entre le synthé et la carte-son un jack audio avec son zouli point chaud sur le "tip" et sa superbe tresse de masse sur le "sleeve", que fais-je ? Ouiiiii, vous avez gagné une splendide boucle de masse, car le trajet se fera d'une part via la liaison USB et d'autre part via la tresse du jack audio ! Bingo...
La soluce : de la bidouille, certes, mais très simple et à la portée de tous, ou presque !
Je choisis un cordon jack que je vais "sacrifier" pour le réserver définitivement à cet usage bien précis, je vais acheter une prise jack mâle, et je branche mon fer à souder. Un coup de pince coupante pour éliminer l'
une des deux anciennes prises du cordon (et je garde l'autre intacte), un coup de cutter bien placé pour retirer la gaine ET LA TRESSE sur 2 à 3cm maxi pour bien dégager le fil du point chaud que je dénude sur 5mm, j'enfile le corps de la nouvelle prise jack sur le fil, l'extrémité dénudée du point chaud sur la patte du "tip" du nouveau jack, et JE NE SOUDE QUE LE POINT CHAUD SUR LE TIP DE CE NOUVEAU JACK MÂLE !!!
...Pour des raisons de résistance mécanique, je vais bien sûr sertir la pince sur le corps du câble, mais en faisant bien attention que la tresse NE SOIT PAS EN CONTACT AVEC LE CAPOT NI LE SLEEVE DU JACK. Au mieux, un petit bout de gaine thermo pour couvrir l'extrémité de la tresse pourrait me garantir une isolation parfaite de ce côté-là.
Voilà ! J'ai construit un câble audio "
ground-lifté" qui ne transmet pas la masse, mais seulement l'audio via le point chaud d'un tip à l'autre. Plus de boucle de masse dans ce cas ! Le potentiel de masse sera donc uniquement fourni par la liaison USB, et le signal audio restera quand même blindé sur toute la longueur du câble, car la tresse forme une gaine continue jusqu'au nouveau jack ainsi soudé. Si celui-ci possède un capot métallique, le blindage sera même encore meilleur, donc parfaitement efficace contre les parasites radio.
...Et voilà ! Il suffit juste de changer de cordon audio et utiliser exclusivement celui-ci pour enregistrer, et s'en faire éventuellement un second pour travailler en stéréo. C'est tout !!!
...Bon, comme les boucles de masse c'est vicieux, peut-être que ça ne suffira pas, et il est encore possible qu'une mise à la terre commune entre l'ordi et le synthé vienne créer encore une boucle en parallèle à la liaison via USB. Dans ce cas, il faut débrancher l'USB sur le synthé et continuer à chercher à l'ohmètre ce qui peut venir assurer une liaison de masse "parasite" entre la carte-son et le synthé.
On pourrait envisager de fabriquer un cordon USB "ground-lifté" lui aussi, mais le risque de capter des parasites qui vont faire bugger le matos (carte-son, synthé ou ordi), surtout en USB2, est important, et d'autre part, du point de vue technique, c'est un peu plus compliqué de trouver la bonne connectique pour réaliser un adaptateur adéquat qui ne dégraderait pas le transfert de données...
Y a qu'à voir déjà comment un simple hub ou une rallonge USB, même si c'est pas des chinoiseries merdiques, peuvent venir mettre le souk !
En revanche, si l'installation de mise à la terre est correcte et récente chez vous (et que vous ne travaillez pas par temps d'orage non plus
), il est possible aussi de déconnecter
TEMPORAIREMENT la terre sur
l'un des deux appareils quand tout est connecté ensemble, juste le temps de faire un enregistrement. C'est à ne faire qu'en dernier ressort et pour une courte période, jamais de façon permanente car la mise à la terre est un dispositif de sécurité qui peut sauver la vie en cas d'incident électrique ou de défaillance d'un appareil !
On peut donc le faire facilement en intercalant sur la prise secteur IEC du synthé ou de l'ordi (la grosse prise mâle ronde qu'on vient brancher dans la prise femelle murale) un petit adaptateur qui ressemble à peu près à ça, et qui permet de ne brancher uniquement que la phase et le neutre de l'IEC dans l'emplacement d'une prise plate à deux broches seulement :