Je suis un très mauvais lecteur de partitions, mais je suis bien comptant d'avoir ça sous la main quand j'essaie de comprendre un morceau que je n'arrive pas à bien reproduire à l'oreille
Tu as oublié d'ajouter "tout de suite". Ca ferait donc:
Je suis un très mauvais lecteur de partitions, mais je suis bien comptant d'avoir ça sous la main quand j'essaie de comprendre un morceau que je n'arrive pas à bien reproduire tout de suiteà l'oreille
Héééé oui. La sempiternelle maladie de l'occidental gâté: TOUT, TOUT DE SUITE, ET QUE CA SAUTE!
Il faut dire qu'on nous a bien dressés. C'est à ce prix qu'on accepte de mourir sur la route comme des cons dans nos voitures, d'être martyrisés par la trotteuse à chaque instant de notre vie, et qu'éventuellement on peut aller jusqu'à quitter les siens pour toujours la fleur au fusil...
Parce que si tu as de la feuille, tu écoutes, tu essaies, tu échoues, puis tu dors, tu vas au boulot, tu cogites l'air du temps, et tôt ou tard ça aura maturé assez en coulisses pour sortir "comme par magie".
Comme la vie, la musique est une percolation mystérieuse. Elle mobilise certaines capacités étonnantes et profondes dont les racines s'en vont probablement puiser, par de ces chemins détournés capables de transformer un océan en césure interdimensionnelle, aux sources universelles de l'Etre. Bien sûr on peut mimer les apparences de la magie en sortant la bonne vieille clé à molette. Mais alors on appelle ça du "passe-passe", et c'est un tout autre métier. L'univers des proférateurs de sons est plein des ces inutiles faiseurs, surtout inquiets de perpétuer un style, ou pour le moins de s'y couler de leur mieux.
Moutons bêlants. Petits enfants effrayés par le son de leur voix, ou la couleur de leur regard.
La peur de l'inconnu, toujours. Bien sûr, refrain connu:
"Dans la bassine -ssine -ssine
d'eau de vaisselle -sselle -sselle
au moins c'est sûr on risque paaaaaas
de se noyer -yer -yer
aussi profond -fond -fond
qu'au fond de l'océan plein d'sel!"
Bien sûr je n'étais pas "aux pièces", je gratouillais tout seul le soir sur mon balcon (des fois des nuits d'été ou des dimanches pluvieux entiers et pleins de fièvre). Je débutais à la guitare, au chant; j'étais hanté par les chansons pleines de sage malice de Georges Brassens, que mon père avait passées sans relâche dans mon enfance, avant de disparaître.
Comme un gros maladroit j'ai retrouvé presque tout le répertoire, plus de 15 ans après, sans solfège, avec juste mes souvenirs. D'accord à ce moment, dans un groupe qui aurait voulu reprendre Brassens, j'aurais eu l'air d'un con ( ma mèèè-reuuu ). Et d'accord ça m'a pris une bonne dizaine d'années. Mais quelle joie immense quand la chose éclosait après avoir percolé plusieurs semaines!
En outre, plus tard, j'ai su que c'était aussi vraiment des moments de
musique, en rencontrant ici et là de vrais bons guitaristes (ceux qui ont les codes et qui ont appris en 2 ou 3 ans) qui me disaient " 'tain tu joues du Brassens, toi? C'est pas facile à la guitare! C'est pas la musiquette qu'on croit..."
Voilà, c'était une petite histoire de musique intimement intriquée à la vie.
Après j'ai retrouvé mon père.
Z'léééééév! Chope cette perchasse!