Korg, avec sa suite "legacy" au dèbut des années 2000, a été, je crois, le premier à se vanter de modéliser le comportement des composants électroniques plutôt que le comportement global des synthés ou de leurs éléments -filtres, oscillateurs etc. Ils vendaient "une modélisation aussi vivante que l'original". Je n'ai jamais eu l'opportunité de tester.
Pour revenir sur la physique et les mathématiques... en essayant de rester simple.
Foreverchild a écrit :En gros, l'analogique, c'est de la physique et le numérique ce sont des mathématiques.
En très gros, oui. Mais très gros ! :)
La physique est la science qui étudie notre monde. Lorsque l'on parle de chimie ou de biologie, on se dit que c'est le cas également... mais
in fine, si on plonge dans le détail, on revient toujours à des phénomènes "physiques" : vibration d'une particule, échange de charge électrique, etc.
En ce sens, c'est un peu la mère de toutes les sciences.
Les mathématiques ne sont pas une science au même sens que la physique. Il faut plutôt les voir comme une (sacrément énorme) boîte à outils qui permet de pratiquer toutes les autres sciences. Etudier les maths, c'est apprendre à manipuler ou à développer des outils. A part si l'on fait cela à un niveau très théorique, fondamental, ces outils ont souvent une raison d'être motivée par un besoin technique concret, par une application.
De retour à la synthèse...
Dans un synthé analogique comme dans un synthé numérique, il y a de la physique... et des maths. On peut toujours parler de transferts d'électrons (-> courants électriques), même s'ils n'ont pas la même forme ni la même utilité dans les uns ou dans les autres. De même, on peut toujours modéliser le comportement d'un ensemble de composants électroniques, c'est-à-dire déterminer les équations qui permettront de concevoir à l'avenir des systèmes avec des comportements similaires : "des maths dans l'analogique".
Je vais reprendre, pour conclure, ce qui me semble le plus pertinent et le plus concis pour faire la différence : le terme "analogique" vient du fait qu'il existe une analogie entre ces deux phénomènes
physiques que sont les vibrations électriques dans le circuit et la vibration de l'air que tu pourras finalement entendre (aka le son). Ceci depuis l'origine du signal, c'est-à-dire les oscillateurs.
Dans un synthé à génération numérique, un ordinateur calcule, d'une manière ou d'une autre, le résultat désiré, et convertit seulement après tout cela, cette suite de nombres ("numérique"...) en un signal électrique analogique, c'est-à-dire similaire au son que tu entendras.
Autre point : pour revenir sur l'appellation "hybride"...
Il me semble important de distinguer plusieurs choses. Un synthé comporte beaucoup d’éléments, dont certains interviennent dans la production du signal sonore, et d'autres pas.
Un exemple concret : le Little Phatty. On s'accorde à dire que c'est un synthé analogique parce que le mode de production de son est analogique : oscillateurs et filtre analogiques. Ses enveloppes sont analogiques aussi... mais ce sont des éléments de contrôle et non de production de signal, de même que l'est son LFO, par exemple. D'ailleurs, ce dernier est numérique, ce qui permet de le synchroniser en MIDI, par exemple. De même, pour pouvoir stocker dans une mémoire (=numérique) les valeurs des différents paramètres, il faut un dispositif capable de convertir la position d'un potentiomètre en un nombre. C'est exactement ce qu'on appelle de l'échantillonnage... c'est pas numérique, ça ?... On pourra parfois parler de synthé analogique contrôlé numériquement...
Bref, mon message est le suivant : bien des instruments allient analogique et numérique, mais tous ne sont pas qualifiés/qualifiables d'hybrides. Je pense que ce terme fait plus sens dans la formule "synthèse hybride" que dans la formule "synthétiseur hybride", parce que ce qui est pertinent ici est bien la manière de produire le son et pas l'inventaire des technologies utilisées par l'instrument tout entier.
Allez, je me tais.