tertior a écrit :le jack midi c'est quand même mieux et ça limite les câbles.

Mieux que le
MIDI via USB, c'est probable, mais en comparaison au MIDI sur prises DIN, c'est juste à la limite de la roulette russe !
Ma formation de base, à l'origine, c'est la conception de systèmes mécaniques, j'accorde donc une importance particulière à la conception mécanique des connecteurs utilisés en électronique. Ils ont tous leurs caractéristiques spécifiques déterminées par un cahier des charges bien précis, et un cadre d'utilisation.

Pourquoi à votre avis, les trois compères Dave Smith, Tom Oberheim et Ikutarō Kakehashi, fondateurs de la norme MIDI à partir de 1981, ont-ils choisi ces foutues prises DIN 41524 (5 broches à 180°), alors qu'il y avait depuis des décennies sur les instruments de musique des fiches jacks 1/4" (6.35mm) un peu partout, bien sûr pour le son, mais également les signaux CV/Gate, les pédaliers à switchs des amplis, etc... ?

La réponse est simplement qu'ils avaient besoin d'un type de connecteur dont la fiabilité de contact par broche était largement supérieure à celle du jack.
Le jack n'a qu'un contact tangentiel entre une languette plate et un cylindre, que ce soit au niveau du tip (point chaud), ou du ring (point froid), et un autre contact tangentiel entre deux cylindres concentriques de diamètres légèrement différents entre la partie mâle et la partie femelle du sleeve (la masse).
UN SEUL point de contact par connexion. En revanche, chaque broche de la DIN est pincée dans une lyre élastique (en forme de diapason) dont les deux branches s'écartent au passage de la broche.
DEUX POINTS de contact par broche, diamétralement opposés. Forcément, dans ce cas, les risques de faux contacts sur la DIN sont extrêmement réduits par rapport au jack.
Le protocole MIDI a besoin d'être extrêmement réactif pour éviter autant que possible un problème de latence entre les appareils interconnectés. Ce qui ne serait évidemment pas acceptable en musique. Il y avait donc plusieurs paramètres à prendre en compte pour obtenir un compromis acceptable entre la réactivité de la transmission de données et sa fiabilité : le nombre de données à transmettre et leur format, le taux de transmission, l'immunité aux parasites électromagnétiques, etc... Et chacun de ces paramètres avait forcément une interaction plus ou moins négative sur les autres. Un véritable casse-tête au vu de la technologie informatique de l'époque, avec des processeurs 8 bits et des quartz d'horloges à quelques MHz seulement !
Pour pouvoir gagner un temps précieux, il n'y a donc par conception en MIDI, strictement aucune procédure de contrôle de validité des données, contrairement à la plupart des autres protocoles de transfert. Ce qui signifie qu'un faux-contact ou un parasite électromagnétique en cours de transmission n'est ni détecté ni corrigé, et conduit à un flux de données erroné. De quoi planter une bécane en cours de jeu sur scène ou en séance d'enregistrement, corrompre les patchs en mémoire, affoler, stopper ou lancer une MIDI-clock à n'importe quel moment, déclencher des "stuck-notes" aussi fausses que stridentes, et surtout impossibles à arrêter sans éteindre l'expandeur ou le synthé, etc...

...Que du bonheur !

...Depuis 1983 lors de sa première présentation au NAMM, la norme MIDI "officielle" a donc préconisé ces fameuses prise DIN 41524 comme étant les seules reconnues (essentiellement pour leur fiabilité). Mais sous la pression des constructeurs depuis quelques années, et surtout pour des raisons exclusivement économiques d'intégration aux PCB et de coût de fabrication, les mini-jack 3.5mm et 2.5mm viennent désormais d'être admis à l'usage du MIDI, selon la nouvelle norme RTS qui ne date que du mois d'août de l'an dernier.

...On verra bien ce que ça donne à l'avenir... Mais, en passant aux mini-jack, comme avec l'usage du MIDI à travers des passerelles logicielles supplémentaires (USB, WiFi, Bluetooth, etc...), on prend le risque de sacrifier ce qui en faisait à la fois sa simplicité de connexion et son exceptionnelle robustesse.
En MIDI "traditionnel", mis à part les erreurs de paramétrage entre machines, on n'a pas à se préoccuper d'éventuels problèmes de liaison : quand on branche, ça marche !
...Et si ça ne marche pas, c'est que ce n'est pas dans la bonne prise, ou que le cordon DIN est défectueux.

Dans mon petit gourbi à musique, plus de 95% de mon matos est MIDI, dont quatre patchbay 8E/8S et une trentaine d'autres machines diverses ! Et à part sur
une machine qui avait particulièrement souffert, avec une soudure cassée sur le socle DIN (MIDI-In) du PCB, je n'ai jamais eu à intervenir sur des connexions MIDI défectueuses. En live, c'est pareil, jamais le moindre pépin en MIDI. En revanche, j'avais toujours une bombe de KF pour les jacks crachouillants... Et ça, c'était assez fréquent !
