...Ouaip ! L'ami Notator a effectivement raison : idéalement, le mieux serait de pouvoir tricoter une interface d'adaptation "sur mesure" en fonction des caractéristiques de chaque pédale. Sachant évidemment quelles sont ces fameuses caractéristiques, ce qui n'est pas évident pour un bricoleur amateur qui ne dispose pas forcément d'un bon impédancemètre et d'un géné de fonction suffisamment perfectionné avec wobulateur et tout le tintouin...
Ce qui complique l'affaire, c'est que selon l'âge de la conception des ces pédales elles se sont adressées à des générations de guitares bien différentes. Par exemple, une "bonne vieille" Big Muff première génération donnera, avec les mêmes réglages, certains résultats avec une (copie de) Strat ou de Telecaster et leurs petits micros simple bobinage, et d'autres très différents avec des Humbuckers double bobinage (genre Gibson SG). Les impédances de ces modèles de guitares sont déjà différentes, de par la conception et le nombre des micros. C'est encore autre chose si on la branche sur une Aria Pro II active, avec son préampli-compresseur-disto qui va délivrer un signal de sortie plus élevé sous une impédance plus faible, grâce à son module électronique embarqué.
Pour les guitaristes, ça ne se résume souvent qu'à une simple appréciation du résultat à l'oreille : ça sonne ou ça ne sonne pas, c'est tout. En réalité, on pourrait pourtant améliorer ce qui ne sonne pas assez bien en passant par un préampli (ou une DI-box) en amont de chaque pédale pour en baisser l'impédance de sortie, et c'est d'ailleurs l'argument principal des guitares "actives". Et encore, l'argument des DI est discutable, parce qu'il y a des modèles actifs avec des AOPs et d'autres simplement passifs avec des transfos audio. Leur point commun étant qu'elles délivrent quand même leur signal avec une basse impédance de sortie (typiquement autour des 600 ohms le plus souvent), et c'est aussi ce qui permet une meilleur immunité au bruit et aux parasites, quand c'est associé à la symétrisation.
Pour un synthé, c'est à peu près le même problème, et d'ailleurs il y a des choix technologiques qui me laissent toujours perplexes. Définir une sortie audio vers un préampli de table de mix à partir d'une sortie conçue pour un casque, comme sur le Mini-MS20, me semble assez peu "professionnel". Les circuits spécialisés d'amplificateur pour casques, comme le LM386 ou certains petits TDA, sont conçus pour délivrer quelques volts en sortie sur 8ohms, selon leur tension d'alim et leur gain. On peut bien sûr s'en servir comme préampli ou comme adaptateur d'impédance (avec un minimum de composants externes, et je ne me suis d'ailleurs pas privé de le faire à maintes occasions), à condition de ne pas être trop exigeant sur la bande passante et le niveau de bruit. Mais encore une fois, c'est un détournement de sa fonction originale, et il ne faut pas vraiment s'attendre à de la HiFi, bien que ce soit souvent assez honorable malgré tout. Pour une sortie polyvalente signal ou casque, il fait correctement l'affaire comme solution de facilité, mais quand on amplifie fortement le signal obtenu, on aura bien sûr un résultat beaucoup moins propre qu'avec un couple d'AOPs faible bruit du genre NE5532 ou même simplement du LM4558. Pour un Monotron à 30€, ça me semble acceptable sans problème. Pour un Mini-MS20 quinze fois plus cher c'est plutôt scandaleux !
Au passage, concevoir un préampli pour un trigger audio (pour commander un Gate par un signal audio) à partir d'un LM386 est infiniment plus facile qu'avec une paire d'AOPs, et évite en plus l'inconvénient d'une alim symétrique. Mais là n'est pas le sujet...
Je ne t'apprends probablement rien, mais généralement en audio, les
valeurs habituelles conseillées sont aux alentours de 47Kohms en entrée (voire jusqu'à 100K), et entre 600ohms à 1Kohms en sortie. Mais rien n'est absolument sûr, et il n'existe pas vraiment de normalisation à ma connaissance, en tout cas pas strictement obligatoire...
...C'est aussi pour ça que les AOPs JFet, avec leur très haute impédance d'entrée (plusieurs Mohms) sont les plus conseillés (surtout à faible bruit), ce qui permet de définir plus simplement l'impédance d'entrée à partir de la valeur du potard de limitation du signal d'entrée. En sortie, un AOP en suiveur de tension permet de retrouver des caractéristiques quasi idéales avec une très faible impédance, ce qui lui permettra de fournir assez de courant à l'étage suivant, si besoin, sans aucun écroulement de tension pour attaquer le préampli de la table de mix ou d'une autre pédale.
Bon, ceci dit, je me souviens aussi de la remarque extrêmement avisée de l'une de nos illustres grenouilles (à savoir notre MOTY) qui expliquait que l'effet sonore résultant d'un filtre pouvait être significativement transformé en fonction du niveau du signal d'entrée qui l'attaque, et je pense que tous ceux qui possèdent un modulaire peuvent en faire assez facilement l'expérience.
Dans la mesure où le signal d'entrée est faible, ou au contraire trop élevé, l'effet produit par une pédale pour guitare (dont l'entrée sera à haute impédance, si c'est un modèle vintage) peut donc s'éloigner du résultat attendu, voire devenir carrément dégueulasse. Par exemple avec une saturation de l'étage d'entrée d'une BBD dont le son pourra en sortir salement distordu, ou au contraire noyé dans le bruit intrinsèque des étages de transfert, s'il est trop faible. Idem pour un chorus, un flanger, etc... Et surtout lorsqu'on enchaîne plusieurs pédales l'une derrière l'autre pour en combiner les effets.
Non seulement une adaptation d'impédance paraît donc utile, mais en plus, elle doit aussi s'accompagner d'une adaptation de niveau, au moins en entrée, pour bénéficier des meilleures condition de fonctionnement de chaque pédale. On peut effectivement supposer qu'au niveau de la table de mix, son entrée est sans doute suffisamment polyvalente pour accepter différents types de niveaux sous diverses impédances, ce qui permet de ne traiter ainsi que les entrées des pédales, et laisser les sorties telles quelles vers l'adaptateur d'entrée de la pédale suivante, ou vers la table...
Dans tous les cas, je t'invite à t'informer plus pertinemment sur l'excellent site de
SONELEC, dont je n'arrête pas de dire tout le bien que j'en pense...
Ça m'étonnerait que tu n'y trouves pas un petit montage d'adaptation d'impédance et de niveau un peu universel qui te permettrait de faire quelques expériences persos, au moins pour te rendre compte que ce n'est pas seulement qu'un sujet virtuel de discussion sur les forums, mais bien une réalité tangible dont les conséquences sont souvent très sous-estimées, à tort !
Bah, j'ai encore été très long, mais un peu plus un peu moins... Juste pour finir, la petite anecdote d'un sondier (comme dit Ory
) plus prétentieux que compétent, qui nous avait cassé les noix avec un bruit de fond terrible pendant presque tout notre concert. C'est parce que sur les deux micros d'overhead qu'il avait placés sur la batterie (deux splendides AKG electrets) et qu'il venait d'acquérir la veille, il avait simplement vu qu'il y avait un switch "Hi-Z/Lo-Z", mais qu'il ne savait pas encore à quoi ça pouvait servir... Comme il les trouvait très faiblards, il avait poussé les préamps de sa table au taquet, et entre le souffle des préamps et l'équalisation pour les cymbales, on aurait cru une radio FM sans le squelch dans les enceintes en façade... Évidemment, quand il les a remis sur la bonne position pendant la pause entre deux groupes, c'est parti en larsen jusqu'à ce qu'il revienne en courant à sa table couper les voies, et les gens ont gueulé...