A propos de technologie, peux-tu nous parler de tes inventions en matière d’instrument ? Des inventions qui anticipent souvent des outils technologiques que nous utilisons ou voyons utiliser aujourd’hui...
B.S : Il y en a eu beaucoup. Le Snark, l'Oestre, la Harpe Laser (de son vrai nom, la Syringe) et l'E=MC3. L’Œstre par exemple, ressemblait à une guitare, avec un manche longitudinalement traversé par un rayon laser. Je déplaçais les doigts sur ce manche, le rayon laser était alors interrompu par le mouvement de ma main et cela donnait la hauteur de la note. Le Snark, lui, est un contrôleur de synthétiseur, inspiré des machines à tricoter qui étaient à la mode à cette époque. Tout en longueur, on tricotait avec en tapant sur des touches. Moi j’en ai fait un hybride, que l’on pouvait porter sur le corps et au lieu de jouer sur un clavier dont je ne savais pas jouer, j’utilisais les touches préprogrammées. En pianotant sur mes touches je pouvais faire des accords, des glissés d’accords (ce qui est impossible à faire avec un clavier classique), des changements d’octaves. Je pouvais jouer sur différents modes musicaux. J’avais un séquenceur à l’intérieur et un enregistreur. Je pouvais donc jouer ce que j’avais enregistré en rejouant par dessus. Le dernier instrument que j’ai créé s’appelait l'E=MC3. Il s’agissait d’une douche de lumière laser très théâtrale, inspirée par la harpe laser que j’avais créée quelques années avant. Associée à des capteurs optiques photoélectriques, l'E=MC3 permettait de générer la musique avec mon corps. C’était le précurseur des gadgets de style Kinect que l’on retrouve dans les consoles aujourd’hui. A propos de la harpe laser, je trouve aujourd’hui que c’est un instrument trop spectaculaire. Quand il apparait sur scène, on écoute plus la musique, on ne voit plus le spectacle, il n’y en a plus que pour lui. Ça n’est pas ce que je cherchais dans mes inventions. Du coup je l’ai cassé de façon aussi spectaculaire. À coup de masse.
Autre chose, tu fais figure d’ingénieur, mais finalement tu as toujours tout fait tout seul. Tu es complètement autodidacte.
B.S : En réalité je suis très mauvais en tout. Je ne suis pas musicien, je ne sais pas vraiment lire les notes par exemple. Je ne suis pas électronicien, je sais juste tenir un fer à souder. Je ne suis pas vraiment mécanicien, même si je perce des trous, je lime, je construis. Mais je ne suis pas un ajusteur de précision, je ne suis pas un ingénieur électronique. Je suis un passionné qui se débrouille pour faire ce qu’il doit faire, voilà.
Propos recueillis par Maxence Grugier
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