Je me rappelle, quand j'ai bossé 2 mois aux pêches à 15 ans pour me payer mon MS20, face à l'effort "consenti", tandis que beaucoup me disaient "n'achète pas ça, c'est encore une daube japonaise, ces gens-là ne savent que copier, ça va durer 2 ans et ça sera foutu"...etc...etc...etc..., je me sentais un peu bizarre.
C'est vrai, je les écoutais, ces cassandres, ils m'impressionnaient avec leur aplomb, leur air sûr de leurs valeurs, tous ces gosses de riches avaient leur "éthique" à bon compte (le compte-en banque à Papa Maman, en gros), et quand j'ai donné les sous au marchand méprisant qui avait essayé de me convaincre d'acheter plutôt un SH2 qui coûtait 2 fois plus cher, donc était d'une qualité deux fois supérieure comme vous le savez tous aujourd'hui, je me suis dit "bah, je fais une connerie. Ca durera ce que ça durera..."
"Véroum bé" comme on dit par ici...
J'ai la flemme de répéter, de dévider à nouveau tout le fil des évènements depuis les années 60, comment et pourquoi, historiquement, les gros constructeurs tiennent des tarifs pareils sur des merdes en plastique numériques matériellement ultra-light, et sont par conséquent obligés d'en faire autant sur leurs produits analogiques ultra-minoritaires...
Ca fait bien bien longtemps que les constructeurs électroniques ont cessé d'être des artisans amoureux, à part quelques cinglés comme le gars de GRP ou celui de Synton. Ils font comme tout le monde: au mieux selon les conditions présentes. A l'époque on faisait travailler les japonaises. Oooh que c'était mal! Mal pour la santé de l'Industrie Nationale! Mal d'exploiter ces pauvres gens! Mal de faire fi du Péril Jaune ("bèèèè, tu touches ça, toi?"). Sans compter que pendant la guerre, les Japonais, hein...
Si ça dérange (peut-être à juste titre eu égard au désastre global qui s'avance) certains de tremper dans ces trucs, faut aller voir comment tout le monde fait, y compris les "nobles artisans", ne serait-ce que du point de vue de l'approvisionnement en composants pendant qu'on y est, et cesser absolument d'utiliser des productions industrielles pour faire de la musique. On peut en faire avec une paire de cailloux, hein...
J'irai jamais, je pense, acheter un synthé Behringer, parce que le type ne m'est pas sympathique, qu'il se conduit mal envers la "concurrence", que son côté ostensiblement pillard ne m'inspire guère, et aussi parce qu'il casse le mythe (or je suis bien obligé de reconnaître, étant plein de contradictions, que le mythe attaché à certains instruments, même s'il est objectivement ridicule, me raconte des trucs).
C'est vrai aussi que j'ai ici assez de vieilles gloires (quoique parfois modestes et de second ou troisième rang, ce qui ne me dérange pas beaucoup) pour n'avoir pas le temps de tous les explorer à fond avant de tirer ma révérence.
Mais il n'est pas question pour moi d'aller jeter la pierre aux débutants qui peuvent se "faire la main" sur de bonnes copies des instruments phares de ma jeunesse. Leur histoire m'en rappelle une autre.
Libre à eux, quand ils auront "réussi dans la vie", d'acquérir les originaux et éventuellement de déceler les différences flagrantes, etc..., et de jouer à leur tour les fines bouches pleines de componction devant la mine navrée des suivants.
Dernière chose: le peu qu'on donne, via Behringer, mais aussi via tous les autres, hé, y compris tous les nobles ayants-droit

, aux travailleurs chinois, bin ça leur donne à vivre: Avec ce "peu" ils s'achètent à bouffer.
C'est pas de la belle solidarité trans-nationale, ça?
Toujours ça de moins qu'auront ici à dépenser les beaufs à SUVs.
Des fois la fuite des capitaux participe malgré elle à une sorte de justesse, pour ne pas dire justice.
(c'était ma conclusion éthique).
Et pour conclure sur la conclusion: Ha crotte, tout le boulot qu'on leur donne fait tourner des centrales à charbon

Fichtre, où caser de l'éthique pas trop toc dans ce bazar?
