
...Ahah !!! Allez, dans l'ordre anti-chronologique :
Push-Pull a écrit :Un comme ça, il y en a un dans chaque band !

...Ouais, je sais bien ! Encore une fois, tu as parfaitement raison. Mais ça fait quand même un de trop...
Surtout quand c'est celui qui, pour un live, installe son matos en 5mn puis vient te faire chier, les mains bien au fond des poches, avec les super-questions de gros lourd :
"
T'en as encore pour longtemps avec ton bordel ?"... "
Quoi, t'es pas encore prêt ? On va être encore à la bourre à cause de toi"...
Et qui repart bien sûr sans t'aider, pour aller balancer des vannes sur toi aux autres en ricanant !

...Et comme par hasard, c'est lui qui prend 5mn après le premier titre pour s'accorder, après avoir foiré le début du live en étant faux tout le long du morceau !
Des comme ça, il y en a forcément un par groupe, et on les adore, c'est sûr !
skawiwen a écrit : ...est ce le lot des groupes ayant passé les 50/60...

...En fait, j'ai bien l'impression que dans le début des années 80, les opportunités de "percer" pour les groupes en signant pour un label étaient plus nombreuses qu'aujourd'hui. Mais je me trompe sans doute, et surtout les conditions ont beaucoup changé. Je sais qu'il y a pas mal de zicos aujourd'hui qui tournent régulièrement sur les scènes "underground", les festivals thématiques et dans les petits concerts locaux, et qui vendent sur place et par internet leurs CD/DVDs de fabrication artisanale, ce qui était irréalisable à l'époque, quand il fallait presque obligatoirement passer par un label pour faire presser ses disques et les diffuser...
Donc les offres de labels "alternatifs" émergents étaient plus nombreuses et faisaient d'ailleurs le bonheur des disquaires
branchés. Et surtout il n'y avait pas encore les télé-crochets industriels de TF1/M6 et les karaokés dans les bars non plus...
stiiiiiiive a écrit :Tout ça, évidemment, c'est parce que j'ai toujours fait de la musique pour le plaisir et jamais dans l'idée de me professionnaliser.

...C'est un peu ce qui fait la différence entre nous ! Loin du banal loisir entre potes, j'étais prêt à en faire un métier à une certaine période de ma vie...

...A vingt piges ou à peine plus, j'avais mes diplômes, sept ans de piano classique derrière moi, mon matos de claviers complet ou presque, aucune promesse d'embauche, une famille stable capable de m'assumer financièrement encore quelques années, un groupe avec ses compos que j'avais co-réalisées, et enfin depuis peu, une sorte de "
directeur artistique" très atypique qui s'était donné comme projet de nous mettre en relation avec tous les "
gens du showbiz" qu'il connaissait !
Très bizarrement, il avait justement l'air de connaître pas mal de monde, l'animal ! Un impressionnant carnet d'adresses ambulant...

...C'est donc grâce à lui qu'on a pu être rapidement répertoriés sur une liste officielle de professionnels du spectacle (pendant une saison seulement), qu'on a pu participer au MIDEM de Cannes en 83 en tant que musiciens pros (avec le fameux
badge rose des artistes), et qu'on a également pu aller faire des interviews en direct et faire passer nos titres à l'antenne dans une bonne douzaine de grosses radios libres de la Côte d'Azur (de Marseille à Nice inclus) et aussi, en prime, jouer en soirée live au fameux Papagayo de St-Tropez, en étant présentés pompeusement partout comme "
un jeune groupe pop-new-wave plein d'avenir"...

Bon, on n'avait que cinq titres sur une maquette K7 pas trop géniale, mais Virgin et plein d'autres labels nous ont assuré que ce n'était pas grave... On en a donc distribué une trentaine de copies, avec de magnifiques cartes de visite toutes neuves, auprès des maisons de disques qui étaient venus au MIDEM prospecter de nouveaux talents. Ce qui était tout-à-fait notre cas, évidemment !
...Ça commençait quand même à sentir bon, hein ?

Et puis, tous les groupes français qu'on entendait sur les radios FM à l'époque, c'étaient des gars de notre âge ou à peine plus, et pas seulement que des parigots : Téléphone, Indochine, Taxi Girl, Trust, Gold, Images, etc... Des p'tits jeunes de province comme nous, il y en avait aussi ! ...Alors pourquoi pas nous ?

...On y a cru...

...Et quand on a pu avoir les réponses de ceux qui nous ont répondu, on a beaucoup déchanté pour avoir trop mal chanté !
Forcément, des chanteurs autodidactes qui n'ont jamais pris un cours pour travailler leur voix, ça passe assez mal... Mis à part J-L Aubert à l'époque, peut-être !

...De toute façon, le plus dur ce n'est pas de grimper sur le piédestal, même si c'est déjà difficile, mais d'y rester dessus assez longtemps sans tomber.

J'en ai rêvé à une époque de ma vie, mais je ne sais pas si cela n'aurait pas été une malédiction pour moi, en fin de compte ! Créer de la musique a toujours été un puissant antidépresseur quand j'en ai eu besoin. En musique comme en littérature, les œuvres les plus puissantes sont souvent les plus désespérées et les plus sombres, comme si la névrose était un douloureux catalyseur d'inspiration, et la création artistique un efficace analgésique palliatif. Aurais-je pu survivre à la nécessité professionnelle de créer toujours de nouveaux titres sans sombrer dans des addictions suicidaires, comme tant d'artistes devenus esclaves de leur art par contrat avec leurs éditeurs ?
J'en doute, et de toute façon je n'en ai aucun regret, ni pour cela ni pour le reste !
...Mais je garde très précieusement mon badge du MIDEM 83 en témoignage d'une époque où mes rêves s'étaient rapprochés de la réalité, comme une sorte de talisman !

à tous ! Même la nuit il fait trop chaud, je vais aller me taper une petite mousse à votre santé !
